Par Nathalie D’Amours, maman de Philippe et Anne

 

Lorsque j’étais jeune maman, je pouffais littéralement de rire à la maxime « petits enfants, petits soucis, et grands enfants, grands soucis ». Lorsque je m’inquiétais d’une nouvelle rougeur ou lorsque mon cœur se fendait devant des larmes, j’avais l’impression que ce serait tellement plus simple lorsqu’ils seraient grands. Je déposerais les armes de Jeanne d’Arc à la défense de mes petits. Il était souvent hasardeux de vouloir s’en prendre aux miens.

Et le temps m’a rattrapée ! Aujourd’hui, j’ai deux jeunes adultes, et oui, les soucis se révèlent plus grands ! Pourquoi plus grands? Tout simplement parce que je n’ai plus d’emprise sur ceux-ci. Et d’une certaine manière, tant mieux mais…

J’ai toujours eu le souci comme « maman » d’être un exemple ! Quel défi ! Un exemple d’adulte respectueux et aimant, sans jamais laisser mes propres besoins ou mes propres sentiments s’imposer aux autres. J’ai toujours eu comme objectif de les aider à s’aider, en m’assurant de ne pas leur voler leur esprit d’initiative et leur motivation à se tenir sur leurs pieds et à surmonter leurs problèmes avec le meilleur d’eux-mêmes. Trouver la juste dose entre soutenir et motiver, même dans des circonstances difficiles.

Lors de leur choix d’étude, autre étape crève-cœur pour un parent, je me suis positionnée à respecter leurs choix. Être heureux dans ce que nous faisons est important. Il n’y a pas de travail lorsque l’on aime ce que l’on fait. J’appelle cela plutôt une vie de passion ! Voilà l’empreinte qu’il m’était essentiel de laisser.

Mais ai-je approuvé leurs choix ? Dans mon for intérieur, je voulais qu’ils fassent un choix qui leur simplifierait la vie. Mais non, leurs choix les a menés sur des routes pas faciles. J’ai un fils charpentier-menuisier, un métier noble depuis le début des temps. Mais pour une mère, on voit les risques du métier : combien de fois m’a-t-il montré une blessure ? Mon fils, mon petit gars, mes réflexes m’étouffent.

Ma fille, à son tour, une jeune femme dynamique qui n’a pas froid aux yeux, me pousse à retenir mon souffle. Elle a choisi le domaine de l’art, en soit pas trop dangereux et combien essentiel pour l’équilibre personnel et collectif. Mais avec l’art viennent les nombreux voyages. À plusieurs reprises, elle a été très près d’un attentat quelconque. Je me rappelle qu’une émeute en Turquie a saccagé tout son quartier d’accueil, pendant qu’elle visitait la campagne. À son retour, tout n’était que désolation. Et que dire des prises d’otage dans le musée où elle se situait une semaine plus tôt… j’arrête ici les exemples. J’en aurais trop à raconter. Mais retenez cela, son chemin est toute une épopée !

Vous serez donc à même de très bien comprendre si je vous dis qu’aujourd’hui, je comprends et vit très différemment la maxime affirmant « grands enfants, grands soucis ».  Des soucis tout aussi sérieux, avec lesquels seuls l’amour et le respect de nos enfants rendent la situation plus légère.

Au final, être parents, c’est vraiment un état qui rime avec la continuité, tant en émotion que dans le temps. Que découvrirai-je encore ? Merci au ciel de nous offrir cette capacité d’apprécier la vie pour ce qu’elle est en toute simplicité. La confiance est la clé, n’est-ce pas chers parents ?