Par Michèle Chappaz, instructrice d’autodéfense retraitée – cours ACTION du Centre de prévention des agressions de Montréal

 

DCe que c’est : un cours d’autodéfense permet aux femmes et aux filles de développer des compétences verbales, physiques et émotionnelles en réponse aux agressions physiques ou sexuelles que nous vivons au courant de notre vie. On y apprend des techniques physiques pour se défaire de prises et pour blesser l’agresseur lorsque l’on sent que notre vie ou notre intégrité physique est en danger ainsi que des ripostes verbales pour contrer toute une gamme de situations problématiques, allant de l’agression physique, de la violence conjugale au harcèlement sexuel jusqu’à la manipulation et le mansplaining. Si l’autodéfense tire des techniques des arts martiaux, elle bénéficie également des courants féministes de renforcement des capacités des femmes, surtout en ce qui a trait à l’intuition et à l’estime de soi.

Et c’est en cela que l’on peut reconnaître un bon cours d’autodéfense. Un cours qui mise uniquement sur les techniques physiques ne prend pas en compte notre socialisation qui nous rend plus vulnérables aux agressions de toute sorte. Loin de moi l’idée de responsabiliser les personnes qui ont vécu des agressions, bien au contraire. L’agression est TOUJOURS la responsabilité de l’agresseur, TOUJOURS ! C’est la personne qui agresse qui choisit de poser un geste que nous ne voulons pas. Malheureusement, nous n’avons souvent pas appris comment se défendre, ni verbalement, ni physiquement et encore moins à faire confiance à notre intuition. C’est cette absence de connaissances qui nous rend vulnérables. Notre plus faible estime peut aussi jouer un rôle. J’ai rencontré des dizaines de femmes qui pensaient, à tort, qu’elles méritaient la violence qu’elles avaient subie. Elles pensaient l’avoir provoquée ou cherchée. Il n’en est rien. Personne ne mérite de vivre de la violence et personne ne cherche à la vivre ! Ce sont sur ces points qu’un bon cours d’autodéfense misera avec les participantes.

Les cours ont une durée variée de 15 à 25 heures. Au Centre de prévention des agressions de Montréal www.cpamapc.org, le cours se déroule sur deux journées complètes, soit deux samedis ou deux dimanches. Parfois, les cours sont offerts en ateliers de trois heures sur 5 semaines. Les deux formats ont des avantages.

À quoi s’attendre : à crier, à pratiquer des ripostes verbales en petits groupes, à courir (si on en a la capacité), à apprendre à frapper, à se déprendre de prises diverses (debout, couchée, assise), à parler du viol et du cycle de la violence conjugale, à aborder les agressions armées qui sont extrêmement rares mais qui nous font souvent très peur. On peut aussi s’attendre à rigoler et à trouver d’autres femmes qui ont vécu des situations similaires. On peut parfois reconnaître pour la première fois une agression que nous n’avions pas identifiée comme telle jusqu’à présent.

Apportez des vêtements amples, des souliers antidérapants confortables et de quoi vous hydrater. Pour celles qui ont un problème de santé, respectez vos limites et faites ce que vous pouvez. Vous trouverez certainement des stratégies qui conviennent à vos capacités.

Plusieurs organismes offrent des cours destinés aux femmes dans la région de Montréal : le Centre de prévention des agressions de Montréal (514 284-1212), le Cran des femmes (514 850-0786) et la Fondation plein pouvoir (514 990-7124). Les coûts varient de 75 $ à 625 $ selon la durée de l’atelier choisi.

Suivre un cours d’autodéfense pour femmes ne garantit pas que nous ne vivions jamais d’agressions, mais nous donne des outils supplémentaires pour y faire face si jamais cela nous arrive. Je vous encourage vivement à le faire ! Et pourquoi pas y entraîner une amie ou une parente?