Rencontre avec Les papas en action par Lydia Alder
 

Les pères sont de plus en plus investis dans leur rôle de parent. Ils sont également plus nombreux à prendre leur congé de paternité. Les tables à langer commencent à voir le jour dans les toilettes des hommes. La société évolue et les changements sont tangibles. Mais les ressources pour les pères sont encore rares. Trop rares.


Lors d’une séparation, de nombreux enfants sont encore privés de la présence de leur père. Bien que la garde partagée soit souvent souhaitée en médiation et reconnue comme étant bénéfique pour les enfants, elle n’est pas la norme devant les tribunaux. Lorsque les parents ne s’entendent pas, que le conflit persiste et que la médiation échoue, il n’y a aucune loi sur la garde partagée. Près de huit enfants sur dix vivront chez leur mère après une décision du tribunal. Le père verra son enfant un weekend sur deux, soit quatre jours par mois, comme le déplore Alberto Rangel, un papa impliqué dans l’organisme Les papas en action.


Les papas en action, un regroupement de papas qui s’entraident et qui militent pour la garde partagée, déplore cette réalité. « Lorsque le parent est compétent, il n’y a aucune raison de le priver de son enfant et de lui attribuer un droit de visite. Je ne suis pas le visiteur de mon enfant; je suis son père, son parent », relate Marc Patenaude, l’un des fondateurs de l’organisme. Trop peu de ressources s’offrent aux pères pour les outiller et les préparer, sans se ruiner en frais d’avocat. Trop peu de ressources sont disponibles aussi pour accueillir leur détresse et leur cri du cœur dans un système qui ne reconnaît pas la place du père à sa juste valeur. Il y a beaucoup de détresse chez les pères suite à une séparation.


Les papas en action souhaite une réforme du droit de la famille, avec comme prémisse de départ la garde partagée. L’organisme a d’ailleurs témoigné à la Commission citoyenne de la Chambre des notaires en ce sens. Les études montrent que les adolescents qui vivent avec un seul parent sont toujours plus vulnérables à l’échec scolaire. En fait, 44 études de 110 chercheurs différents viennent confirmer que la garde partagée est la meilleure solution à la séparation*.


En plus d’être dans le meilleur intérêt de l’enfant, une garde partagée entre deux parents compétents désirant s’occuper de leurs enfants désengorgerait également le système judiciaire déjà débordé; il n’est pas rare d’avoir des délais d’un an ou plus pour obtenir une date de procès dans un système engorgé*.


On parle beaucoup de parité pour les femmes; cette parité professionnelle va de pair avec la parité parentale pour les hommes dans une société égalitaire. Il y a certes encore du chemin à faire de part et d’autre pour faire tomber les tabous.

 

 

Les papas en action est un nouvel organisme qui a vu le jour à Verdun l’an dernier. « Aucun organisme local ne s’adressait spécifiquement aux pères et leurs activités s’adressaient surtout aux mamans; nous avons décidé de nous organiser en étendant nos activités à d’autres papas de la nouvelle génération afin de briser à leur tour leur isolement. Rapidement, nous avons constaté que plusieurs autres parents étaient isolés et n’avaient pas ou peu de services pour eux : mère monoparentale dont le père est absent de la vie des enfants, parents d’enfants avec des besoins particuliers ou souffrant de maladies rares, parents immigrants n’ayant pas ou peu de réseau localement et pour permettre à leurs enfants de s’intégrer dans leur communauté ».
www.lespapas.org

* Site http://www.lespapas.org (Bergstrom, Nieslsen, Fabricus, Clot-Grangeat et autres)
* http://www.lespapas.org