Par Lydia Alder

 

Dans la région de Montréal, on compte 186 écoles défavorisées qui accueillent plus de 56 000 enfants. Ces élèves, et tous ceux qui sont issus spécifiquement de l’immigration, ont de plus grandes difficultés à prendre leur place dans notre société, et sont beaucoup plus à risque de décrocher. Force est de constater que le système d’éducation doit s’adapter. Mais comment ?
Et si les arts, et le théâtre en particulier, étaient une façon de faciliter l’intégration et la quête d’identité de nos jeunes immigrants ? Mme Eugénie Francoeur, directrice générale de la Fondation Maison Théâtre, relate que plusieurs études démontrent hors de tout doute que l’accès aux arts a une influence positive sur l’avenir de chaque enfant. Les élèves exposés aux activités artistiques et culturelles pendant leur parcours scolaire ont cinq fois moins de chance de décrocher, et trois fois plus de chance d’obtenir un diplôme. De plus, les arts développent leur capacité d’émerveillement, leur résilience et leur estime de soi.

 

C’est ainsi que le 26 octobre dernier, dix-neuf élèves d’une dizaine de nationalités différentes sont montés sur scène à la Maison Théâtre pour présenter la pièce Bagages au profit de la Fondation Maison Théâtre. J’ai assisté à une répétition et rencontré les jeunes comédiens. Leur parcours est touchant. Ils sont bons. Ils ont de l’ambition et de l’espoir ainsi que beaucoup de résilience.

 

L’idée de Bagages est venue du parcours des jeunes immigrants des classes d’accueil de l’école secondaire Paul-Gérin-Lajoie-d’Outremont. Des jeunes dont les familles ont tout quitté en quête d’une vie meilleure, ici au Québec. De l’apprentissage de la langue à l’intégration, ces jeunes font face à plusieurs défis.


Bagages, c’est une pièce imaginée par Mélissa Lefebvre, enseignante d’art dramatique à l’école secondaire Paul-Gérin-Lajoie-d’Outremont, où de jeunes arrivants racontent leur histoire. Elle met en scène les élèves des classes d’accueil de l’école issus de l’immigration. « Tout a débuté il y a sept ans avec une classe de théâtre itinérant. Les élèves se promenaient de classe en classe pour raconter leur histoire. Les élèves, les enseignants, le personnel… tous ont été touchés par le récit des jeunes nouveaux arrivants » témoigne Mme Lefebvre. À la demande générale, et devant tant d’enthousiasme et de travail acharné, l’aventure de Bagages ne cesse d’évoluer. La pièce donne la parole aux jeunes nouveaux arrivants qui racontent tour à tour leur histoire déchirante, l’angoisse et leur peur de l’inconnu dans sa complexité et sa diversité.


« Bagages, c’est aussi la reconnaissance de leur nouvelle culture, c’est dire qu’ils ont leur place dans leur nouveau pays et qu’on veut les entendre. Jouer cette pièce dans leur école a changé la perception des autres élèves, des enseignants, du personnel, bref de tout le monde. Ils ne sont plus vus comme des élèves immigrants, mais comme des élèves immigrants qui portent beaucoup en eux; une grande ouverture s’est développée tout comme un sentiment d’appartenance » se réjouit Mélissa Lefebvre.


Voilà un exemple d’apprendre autrement. Un exemple de réussite. Notre système scolaire a besoin de plus d’enseignantes comme Mélissa Lefebvre, de plus d’innovation et d’expériences valorisantes qui poussent les élèvent à se dépasser dans un contexte autre que des rangs de pupitres devant un tableau.