Par Lydia Alder pour FamillÉduc, la revue de Famille.Québec

 

Quelles sont vos priorités en matière de culture-éducation-famille à titre de ministre de la Culture ? 

Je vais d’abord vous parler de fierté, d’identité et de prospérité, que j’estime toutes trois intimement liées au développement culturel et économique du Québec. 

En ce qui concerne les familles, il est indéniable que l’accès de nos jeunes à la culture a un impact sur la confiance, l’engagement et la réussite des élèves. Je le réitère, en éducation, nous sommes convaincus que nous devons donner à nos enfants les moyens d’aller au bout de leur potentiel, leur donner le goût de l’école et les moyens de s’épanouir. Et tout cela passe aussi par la culture et la créativité. D’ailleurs, avec mes collègues Jean-François Roberge, ministre de l’Éducation, et Mathieu Lacombe, ministre de la Famille, nous misons sur une véritable alliance, en matière de culture, d’éducation et de famille. La culture joue ce rôle transversal pour toute la société. Pour le gouvernement, l’accès des jeunes aux arts et à la culture est indissociable de leur parcours scolaire. Nous le savons tous : culture et éducation sont deux composantes essentielles du développement des individus dès leur plus jeune âge. De la petite enfance au postsecondaire, la participation à des sorties et à des activités éducatives et culturelles permet d’élargir les champs d’intérêt des jeunes, de stimuler leur curiosité intellectuelle, de les éveiller aux arts, à la lecture et à l’écriture.

 

Quelle est la place de la culture dans nos écoles ? 

Parmi les compétences professionnelles qu’un enseignant doit maîtriser, il y a notamment celle qui consiste à être un passeur culturel pour ses élèves. La première place occupée par la culture à l’école, c’est donc la place qu’elle occupe chez l’enseignant. Pas seulement chez les enseignants en art, mais chez tous les enseignants. La place que la culture occupe dans leur formation est donc primordiale. D’ailleurs, nous soutenons actuellement deux projets pilotes menés par l’Université de Sherbrooke et portant sur la formation de base et la formation continue des enseignants en lien avec leur rôle de passeurs culturels. Les artistes, les écrivains et les organismes culturels qui interviennent auprès du jeune public scolaire, lors d’ateliers en classe ou de sorties culturelles, le font en complément de ce qui est fait à l’école par les enseignants en musique, en arts plastiques, en art dramatique ou en danse, mais aussi en français, en histoire, en géographie, et même en mathématiques. 

Notre ministère contribue à faire connaître cette expertise culturelle de qualité en rassemblant, dans le Répertoire culture-éducation, plus de 2 000 inscriptions d’artistes, d’écrivains ou d’organismes professionnels disposés à travailler avec des jeunes de différents âges et de différents cycles scolaires. D’ailleurs, nous venons tout juste d’annoncer que chaque élève aura droit à deux sorties culturelles gratuites par année dès la rentrée 2019. Le but ultime de l’intégration de la culture dans l’univers scolaire est de permettre aux jeunes de se connaître, de s’ouvrir sur le monde et de se développer harmonieusement comme individus et comme citoyens.

 

Quel message aimeriez-vous adresser aux organismes communautaires ?

Notre programme Culture et inclusion répond à la volonté de notre gouvernement d’accroître la synergie entre les acteurs culturels et les acteurs sociaux en vue d’une meilleure complémentarité de leurs actions. Le secteur culturel et les autres secteurs de la société peuvent conjuguer leurs forces dans une grande diversité de contextes et ainsi atteindre des objectifs allant au-delà de leur mission respective, notamment pour favoriser une participation sociale qui passe par la culture. Ce programme est un outil de mise en œuvre pour encourager ces acteurs à proposer des mesures qui atteignent des objectifs partagés de développement culturel et social. Il a pour principal objectif de mettre sur pied des projets pour des clientèles qui sont moins ciblées par l’offre culturelle présentement disponible, par exemple en soutenant la réalisation de projets culturels au profit des personnes qui risquent l’exclusion ou qui ont un faible revenu. Il vise aussi à soutenir des projets qui utilisent la culture comme outil d’intervention permettant d’agir sur des enjeux sociaux. Le programme s’adresse, d’une part, aux organismes culturels qui désirent mener des projets en partenariat avec des organismes qui offrent des services directs aux personnes ainsi que, d’autre part, aux organismes communautaires qui développent des projets en partenariat avec des ressources culturelles. 

Le loisir culturel contribue également à la dynamisation des collectivités en favorisant une participation élargie à la vie culturelle et constitue une composante majeure de la culture québécoise. Nous soutenons d’ailleurs des projets qui font une place importante à l’engagement citoyen en culture ainsi qu’à la fluidité des interactions entre les acteurs locaux, régionaux et nationaux qui interviennent en loisir culturel et, de manière plus large, en loisir.