Par Corinne Dupré

 

Depuis l’adoption de la loi 101 en 1977, année où la langue française a acquis la majorité linguistique au Québec - et a donc supplanté l’usage de l’anglais au quotidien - il s’avère que les élèves allophones migrants sont généralement intégrés à des commissions scolaires francophones. Depuis, des organismes officiels, tels que le Programme d’Accueil et de Soutien à l’Apprentissage du Français (PASAF), ont vu le jour. Il semble ainsi, que cette langue concoure à l’intégration des élèves allophones au sein du système québécois. Ceci dit, qui s’étonnerait de voir une société, qui comme celle du Québec, défend la francophonie avec tant de constance et de rigueur, opter pour un modèle d’intégration inclusif sur la base de sa langue privilégiée?

Notons, cependant, que ces réformes audacieuses ne sont pas sans conséquences pour les éducateurs et les éducatrices québécois, comme le souligne Nathalie Fréchette, professeure de Psychologie au CEGEP Édouard Montpetit, à Longueuil : « L’application de la loi 101 n’a pas été sans difficultés pour les élèves et les enseignants. Nous voyons, en effet, des enfants allophones, un an après leur arrivée dans le pays, être intégrés aux classes régulières. Cependant, l’enseignant rencontre souvent des difficultés à dérouler son programme en présence d’élèves aux besoins si particuliers ».

C’est pourquoi, Madame Françoise Armand, titulaire d’un doctorat en didactique (méthodes d’enseignement) des langues maternelle et seconde et professeure à l’université de Montréal, déclare : « qu’il est important de garder en tête, que les classes d’accueil représentent un passage, qui permet de mettre l’accent sur les premiers apprentissages de la langue seconde, afin que l’élève allophone puisse s’adapter au système scolaire québécois de façon harmonieuse » et, ajoute, sur le danger d’un amalgame possible : « nous devons garder en mémoire que ces élèves sont dans une démarche d’initiation à une langue seconde et non en difficulté d’apprentissage ».

Madame Armand met ainsi l’accent sur l’a priori, encore trop répandu, consistant à mettre en doute ou à minimiser les connaissances et/ou les compétences des allophones sur le marché du travail ou à l’école. Il serait pourtant raisonnable de penser qu’une plus juste appréciation de ces populations pourrait conduire à considérer l’intégration de ces dernières, grâce au français, comme le symbole d’une réussite institutionnelle incontestable, pour la société québécoise et son système éducatif.

 

Services financés par le PASAF :

  • Classes d’accueil fermées pour les élèves allophones nés à l’extérieur du Québec;
  • Classes de francisation pour les élèves allophones nés au Québec;
  • « Mesures spéciales d’accueil et de francisation » lorsque le nombre d’élèves allophones était insuffisant pour ouvrir une classe, notamment en région (l’enfant est retiré de la classe ordinaire pour recevoir un enseignement intensif du français);
  • Services de soutien linguistique pour les élèves allophones intégrés en classe ordinaire après avoir été, au cours des deux dernières années, en classe d’accueil ou de francisation ou après avoir bénéficié de mesures spéciales.

 

Source : Réussir l’intégration des élèves allophones immigrants nouvellement arrivés par Françoise Armand, Isabelle-Anne Beck et Tresa Murphy.