Par Henri Lafrance, directeur de l’AGPQ

 

L’AGPQ reçoit plusieurs appels de grands-parents qui se sont vu retirer la garde de leurs petits-enfants, malgré le désir de l’enfant de rester avec ses grands-parents. Qui plus est, il arrive même que les grands-parents n’aient plus aucun contact avec l’enfant une fois que celui-ci est retourné chez ses parents biologiques. Cela ne survient pas seulement dans les cas d’adoption! 

 

Nous vous partageons un exemple. À la suite d’une situation délicate, un grand-père avait eu la garde de son petit-fils pendant deux ans. Tout se passait très bien pour l’enfant, le grand-père et sa conjointe. L’enfant leur avait rapporté avoir subi toutes sortes de violences physiques et psychologiques de la part de sa mère et de ses différents conjoints.

 

Et malgré la situation, après une décision de la DPJ, l’enfant a dû malheureusement retourner chez sa mère. Pendant six ans, le grand-père ne savait pas où se trouvait l’enfant. Il a finalement appris que son petit-fils était maintenant en centre d’accueil à titre de jeune contrevenant. Le grand-père a contacté l’institution et, collaborant avec les intervenants, a été autorisé à l’amener chez lui certaines fins de semaine. L’engagement du grand-père envers son petit-fils a défié le temps, les épreuves et les systèmes!

 

Cet adolescent souffrait manifestement d’un syndrome post-traumatique à la suite de mauvais traitements subis chez sa mère. Il devenait stressé et violent après chaque communication ou rencontre avec sa mère. La DPJ a malgré tout toujours refusé de couper ces contacts. « C’est la mère », disaient les intervenants. Finalement, l’enfant a été condamné à deux ans de prison à l’âge de 17 ans.

 

Comment le bien de l’enfant peut-il le conduire directement en prison? Qu’est-ce qui cloche? L’enfant, pensez-vous?

Nous comprenons que l’autorité parentale soit prise en compte par le système juridique et la DPJ, mais il y a aussi une obligation parentale envers un enfant mis au monde! Nous sommes conscients, également, que certains parents retrouvent le droit chemin et réussissent à bâtir une relation saine avec leurs enfants. Cependant, nous croyons que le système de protection de la jeunesse doit être centré davantage sur l’enfant victime, plutôt que sur les parents qui sont en défaut. Ou encore, permettre à la famille élargie de jouer un rôle tampon. Autoriser un enfant à rester dans son environnement familial devrait être l’option priorisée lorsque possible. 

 

En ce sens, nous souhaitons rappeler que les parents possèdent également des responsabilités à l’égard de leur enfant. Le non-respect de celles-ci doit être pris en compte par la DPJ, tout comme les liens d’attachement de l’enfant envers sa famille biologique, dont ses grands-parents.

 

Le bien de l’enfant ne devrait pas faire l’objet d’une analyse par un seul individu, quelles que soient les bonnes intentions de l’intervenant!