Par Nathalie D’Amours, gestionnaire de l’AÉMFQ

 

Un principe vicié qui nuit à la conciliation d’un service de garde en milieu familial et le rôle de famille d’accueil!

 

La Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse a pour mandat de jeter un regard sur les différentes procédures en place. Il est donc important de présenter la réalité de milliers d’éducatrices en milieu familial reconnues, subventionnées ou non. Ces services de garde en milieu familial, dont certains sont représentés par l’AÉMFQ, sont intégrés dans le vaste réseau des services éducatifs du Québec. Ces services de garde sont régis selon la Loi sur les services de garde éducatifs à l’enfance et doivent faire face à des exigences très lourdes. Mais rappelons-nous qu’à la base un service de garde en milieu familial est avant tout une « cellule familiale élargie » dans laquelle toutes les responsabilités parentales et professionnelles sont constamment présentes pour le bien des enfants. 

 

Lorsqu’une éducatrice en milieu familial est l’objet d’une plainte de la part de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), l’entente multisectorielle qui s’enclenche est basée sur le même concept que le protocole appliqué pour une institution. Le principe est d’éliminer le risque avant toute enquête. C’est-à-dire que le service de garde est immédiatement fermé. Cette fermeture subite, sans analyse, semble souvent trop radicale, et même inéquitable. Pendant cette période, ce n’est pas seulement une professionnelle de la petite enfance qui est touchée, mais bien l’ensemble de sa cellule familiale. La philosophie qui sous-tend les protocoles de la DPJ considère que tous les dommages collatéraux sont justifiés pour la protection de l’enfant. 

 

L’AÉMFQ demande depuis plusieurs années la mise en place d’un protocole équitable pour les services de garde en milieu familial, qui ne sont pas une institution, mais qui ont des responsabilités accrues et professionnelles envers les enfants. Le protocole doit être équitable et tenir compte des caractéristiques particulières du milieu professionnel.

 

D’ici l’élaboration d’un tel protocole, et considérant les relations souvent complexes et difficiles avec la DPJ qui créent un risque important pour les services de garde en milieu familial et leur famille, révélant leur très grande vulnérabilité à la suite d’un désaccord entre parent et éducatrice, l’AÉMFQ n’a eu d’autres choix que de recommander aux éducatrices en milieu familial de ne pas être famille d’accueil.