Par Lise Jalbert

 

Je ne suis pas devenue proche aidante du jour au lendemain. C’est un rôle dans lequel je me suis glissée au fil du temps… Je visitais ou j’appelais ma mère chaque jour pour m’assurer qu’elle avait parlé à quelqu’un dans sa journée. Même si elle n’était pas très âgée, elle ne pouvait pas sortir; elle marchait avec difficulté en raison d’arthrite sévère. Ma mère était une personne exceptionnelle : intelligente, d’une grande sagesse, toujours de bonne humeur et prête à rendre service. Nous avons partagé beaucoup de beaux moments ensemble, des sorties, de belles discussions. Cela a duré ainsi jusqu’à ce qu’elle atteigne l’âge de 81 ans.

 

Puis, une allergie à un médicament est venue tout compliquer. Après un long séjour à l’hôpital, elle est devenue moins autonome, mangeait moins bien, s’affaiblissait et tombait souvent. À 83 ans, elle a dû vendre sa maison et partir habiter dans une résidence pour personnes autonomes. Depuis quelques années, on voyait la démence prendre du terrain. Son caractère avait changé; elle n’était plus du tout la personne qu’elle avait été.

 

Mon rôle d’aidante a changé aussi… Je devais m’assurer de son bien-être, voir à ce qu’elle mange bien, qu’elle soit propre (même si elle ne voulait plus se laver) et qu’elle reçoive les soins dont elle avait besoin en cas de troubles de santé.

 

La démence, c’était un nouveau mot dans ce temps-là. Je ne comprenais pas ce que ça représentait. J’avais devant moi le corps de ma mère, mais celle que j’avais connue n’était plus là. Celle qui me faisait constamment des reproches n’était pas ma mère. Ma mère m’aimait trop pour agir ainsi. J’ai dû faire le deuil de notre belle complicité mère-fille avant de devoir faire le deuil de son corps physique.

 

Les dernières années de mon rôle de proche aidante ont été très difficiles, parce que nous nous étions tellement aimées. Il est important, quand la santé de notre proche se dégrade, de garder en tête qu’elle n’est plus elle-même et que sa colère n’est pas intentionnelle. Il est aussi important d’accepter ou d’aller chercher l’aide dont on peut avoir besoin pour être soutenu psychologiquement dans les moments difficiles…

 

Plusieurs critères peuvent rendre le rôle de proche aidant différent d’une situation à l’autre : l’âge de la personne aidée, le genre de maladie, les caractères de l’aidant et de l’aidé, leur relation avant la maladie, les circonstances, etc.

 

Mais nous avons la chance aujourd’hui de pouvoir compter sur l’aide de plusieurs organismes qui voient au bien-être de nos aînés et qui apportent aussi beaucoup de soutien aux proches aidants. Il ne faut donc pas hésiter à demander des informations et de l’aide au besoin.