Par Nicole Demers

 

Résumé de sa conférence pendant le PointDeVue du 24 février 2021

Je souhaite vous livrer un important message aujourd’hui, en tant que femme et ex-politicienne qui a vécu un parcours très éclectique. J’ai travaillé dans le domaine de la restauration, de l’hôtellerie, de l’éducation, dans le communautaire et dans la coopération. J’ai donc subi les aléas du travail invisible.

Je me suis investie dans la lutte pour la reconnaissance du travail invisible. Je me rappelle cette citation de Michel Chartrand : « Lorsque tu ne t’occupes pas de la politique, la politique va s’occuper de toi! » Je me suis donc toujours beaucoup occupée de politique. Malheureusement, aujourd’hui les gens ne semblent pas s’y intéresser tellement. Ils se sentent loin des politiciens, incompris et pas écoutés. Je ne connais toutefois pas les causes de ce phénomène.

Lorsque je me suis impliquée en politique, c’était pour changer les choses et pour façonner le monde afin que ça aille mieux pour les humains qui nous entourent. Cependant, les changements sont lents, car la société évolue lentement.

Le rôle de politicien impose le respect au quotidien, et le respect s’exprime par l’écoute de tous les citoyens, peu importe leur allégeance politique. Lors d’une rencontre avec une citoyenne, Mme Mariette Gilbert, mon écoute s’est soldée par un engagement à la cause du « travail invisible ». J’ai fait ce qui était en mon pouvoir, soit déposer la motion M310, le 1er avril 2010, qui a été adoptée par la Chambre des communes.

Si je n’avais pas été à l’écoute, je crois qu’une belle occasion aurait été manquée. Malheureusement, les résultats n’ont pas été à la hauteur de nos attentes. Nous attendions une meilleure reconnaissance du travail invisible. Le vote a été unanime, mais est resté sans suivi.

La pandémie offre aujourd’hui une occasion unique, car tous les politiciens sont confrontés aux réalités du travail invisible, qui s’impose d’office dans leur quotidien. Leurs diverses obligations se rappellent à eux chaque jour, et ils doivent à leur tour jongler avec toutes leurs responsabilités. Ils seront peut-être plus réceptifs après cette expérience.

Le fait que le travail invisible ne soit pas reconnu ni inclus dans le PIB est désolant. Jusqu’en 2008, le formulaire de recensement long comptabilisait, à la question 33, les heures fournies en travail non rémunéré ainsi que le bénévolat. Cela nous permettait d’estimer la contribution faite au PIB. Malheureusement, en 2015, le gouvernement a aboli cette question et nous a privés de données importantes pour bâtir une société plus équitable pour les gens assumant le travail invisible.

Quoique les organismes communautaires aient pris le relais des besoins sociaux, c’est le facteur qui a contribué au sous-financement de plusieurs programmes sociaux. Aujourd’hui, ces mêmes organismes éprouvent des difficultés à continuer de remplir leur mission. Les personnes bénévoles sont moins présentes et ont vieilli. Maintenant, le gouvernement doit investir de nouveau. Toutefois, l’investissement est trop souvent fait au mauvais endroit et néglige les services communautaires.

En conclusion, il ne faut pas hésiter à aller rencontrer les personnes qui nous représentent. La mobilisation est importante. Et voir les jeunes qui prennent le relais est pour moi source de joie. Prenons tous les moyens à notre disposition pour continuer à militer et pour faire reconnaître le travail invisible. Sachez que la solidarité demeure.

Rappelez-vous, élisez des gens qui connaissent votre milieu, des gens au grand cœur, des gens en qui vous avez confiance. Et, par la suite, restez en contact et faites connaître vos besoins. Gardons vivante la flamme!