Par Patricia Moniz, coordonnatrice, intervenante/responsable de l’organisme Relais-Famille
Dans notre société dite contemporaine, la mise en accusation à l’endroit d’un être cher bouleverse significativement le quotidien de ses proches. Par ailleurs, la divulgation publique d’informations entourant la mise en accusation ainsi que le processus judiciaire n’est jamais sans laisser de traces auprès des familles concernées. Isolement, rejet, sentiment de culpabilité, rupture des liens extrafamiliaux, honte, mépris, incompréhension, déni, colère, anxiété chronique et dépression, pour ne nommer que ceux-ci, constituent d’importantes conséquences psychologiques infligées aux proches et trop souvent passées sous le silence.
Démunies physiquement et psychologiquement, ces familles à qui l’on tente de faire porter le poids de la culpabilité à l’égard des gestes répréhensibles doivent désormais composer quotidiennement avec la critique souvent injustifiée et humiliante de la société. Menaces, parjures, insultes, propagation de fausses rumeurs, création d’allégations contradictoires, harcèlement, manipulation, désir de punir, désir de se faire vengeance, les familles ayant un proche incarcéré deviennent trop souvent la cible des agresseurs. Encore faut-il préciser qu’au même titre que l’entourage de l’accusé, ces familles demeurent des témoins et condamnent délibérément les gestes posés. Par ailleurs, bien que l’émergence des réseaux sociaux contribue désormais à faciliter notre quotidien, la venue de cette technologie ultrasophistiquée demeure l’arme ultime de la cyberintimidation. Que ce soit à travers le courriel électronique, les appels téléphoniques, les messages texte, l’internet ou les médiaux sociaux, nombreux sont les proches de personnes incarcérées qui doivent composer avec le phénomène de l’intimidation. Plus particulièrement, bien qu’arbitraire, ces familles vivent les représailles des gestes commis par la personne incarcérée auprès de la population. Pourquoi condamner aux yeux de tous une mère de famille qui a, pour les raisons qui lui appartiennent, choisi de pardonner l’irréparable ? Qui sommes-nous pour intimider, insulter, isoler cette famille qui semble déjà fortement éprouvée par les événements ? Jouer à l’avocat du diable, mais à quel prix ? Prenons l’exemple de cette mère qui un jour comme à l’habitude consulte les nouvelles et découvre que son fils est un meurtrier. Quel désarroi! Quelle souffrance! Bien qu’elle soit inconsolable, le regard culpabilisateur des autres, les menaces quant à sa propre sécurité ou les injures quant à la manière dont elle a éduqué son fils sont très souvent sources de grandes souffrances pour une mère vivant un tel drame. Trop souvent et spécialement pour les crimes à caractère sexuel auprès des mineurs, les proches d’une personne tenue coupable en paient durement le prix auprès de la population. De plus, bien que certains accusés soient au cœur de nombreux débats d’actualité, il est important de se rappeler que derrière chaque criminel se trouve un père de famille, un conjoint, un fils, un ami ou un frère. Cessons l’ignorance et optons plutôt pour le soutien moral à ces familles lourdement bouleversées par ces tragédies. Qui sait si un jour, vous vous retrouverez malgré vous dans une telle situation ? L’intimidation se nourrit pas le silence et engendre de lourdes conséquences psychologiques chez les petits et grands. Parce que vous n’êtes pas l’accusé, mais plutôt une victime collatérale, soyez responsables et osez briser le silence.
Relais Famille est le seul organisme communautaire au Québec voué exclusivement aux familles et proches des personnes en instance de détention, en détention ou en libération à la suite d’une incarcération. Il s’agit d’un organisme à but non-lucratif œuvrant dans un environnement réconfortant exempt de jugement. Le soutien, l’accompagnement, l’écoute, les échanges et un désir profond de venir en aide aux proches expliquent notre raison d’être. Tous nos services sont entièrement confidentiels.
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