Par Claudine Raymond, Pipo Théâtre
Pour parler d’intimidation aux enfants du 1er et 2e cycle du primaire, Claudine Raymond, comédienne et auteure, a eu l’idée de mélanger les personnages de vraies histoires (de contes de fées) à ceux d’une histoire vraie (qui arrive pour de vrai dans la vraie vie).
Pour y parvenir, elle a lu des articles savants, elle a observé ce qui se passait dans la cour de récré de sa fille, elle a donné des ateliers avec les premiers concernés et elle s’est enfoncée dans le pays de la création avec du papier et des crayons. Elle a cousu les personnages, les a fait parler et leur a construit un décor tout simple qui tient sur une table.
Mais comment parler d’intimidation à des jeunes pour qui le sujet demeure quand même encore assez flou ? L’intimidation est complexe et simple à la fois. Dans le coin droit, on a un Petit Loup qui fait la vie dure à un Petit Cochon. Dans le coin gauche, il y a tous les témoins et ceux qui parfois participent à la curée comme le font les Sept Petits Frères. Petit Cochon se sent désemparé; il ne sait trop comment s’en sortir. Il croit que c’est sa faute, mais laquelle ? Il préfère ne pas parler, car de toute façon, comment pourrait-il expliquer ce qui se passe considérant qu’il se sent déjà tellement coupable ? Il garde tout pour lui. D’ailleurs, même parmi ses camarades, personne n’ose briser l’omerta de peur de représailles plus funestes encore.
Dans le jargon des philosophes, ce qui se passe dans la cour de récré est de l’ordre du proto-tribal. Un sous-groupe avec ses lois et sa façon de se reconnaître dans la hiérarchie qu’il s’est construit. Il y a les meneurs qui tiennent à garder leur ascendant et les autres qui doivent allégeance aux plus forts.
Dans Petit Cochon, une histoire vraie, Petit Chaperon Rouge, camarade de classe de Petit Cochon, a eu elle aussi des problèmes avec Grande Sœur de Cendrillon qui riait d’elle dès qu’une occasion se présentait. Mais voilà, Petit Chaperon Rouge finit par en parler à mère-grand « qui lui a donné des bons trucs pour ne plus se faire embêter ».
« Mais voilà! Petit Cochon n’était pas fait comme Petit Chaperon Rouge. Il était aussi sensible qu’une feuille à l’automne, il rougissait dès qu’on s’attaquait à lui et il perdait tous ses moyens. De plus, il ne connaissait pas de mère-grand. »
Pour parvenir à retrouver sa dignité, Petit Cochon fera équipe avec Petit Chaperon Rouge pour un projet de classe. Ensemble, ils créent un projet inédit. Grâce à cette activité, Petit Cochon arrive à se reconstruire de l’intérieur.
Mais Petit Loup est toujours aux aguets prêt à briser les bricolages, déchirer les dessins ou humilier Petit Cochon.
Dès lors, on se dit que Petit Loup a été ensorcelé et que c’est pour ça qu’il est méchant. Les Sept Petits Frères, un peu honteux d’avoir encouragé Petit Loup, comprennent qu’ils doivent réparer. Ils réalisent qu’ils peuvent tous ensemble empêcher Petit Loup de s’acharner sur Petit Cochon.
Suite à une suggestion de Petit Chaperon Rouge, qui déborde d’imagination, les Sept Petits Frères décident, non sans appréhension, de passer un savon à Petit Loup. Une scène somme toute cocasse où ils le plongent littéralement dans une baignoire. Petit Loup finit par faire amende honorable, car au final, s’il veut garder ses amis, il sait ce qui lui reste à faire.
L’intimidation est un sujet grave en soi et c’est pourquoi l’auteur a émaillé la pièce de moments d’humour et de poésie. L’humour est une épice essentielle dès qu’on s’adresse à de jeunes personnes pour qui les émotions fortes ont besoin d’être ventilées.
L’intention de départ dans cette démonstration est d’orienter la réflexion sur l’apport significatif des témoins devant des gestes d’intimidation. Comprendre que les pairs ont un rôle significatif à jouer sinon ils portent une complicité certaine devant l’injustice. Une notion qu’il est nécessaire d’apprendre dès le plus jeune âge.
Pour en voir un extrait : www.le-petit-cochon.com