Par Nathalie Parent, psychologue, auteure et conférencière

Alex, 13 ans, n’arrive pas à trouver le sommeil. Il a mal au ventre et sent comme une grosse boule dans sa gorge. Sa mère craint qu’il soit malade alors que son père pense qu’il les manipule. Que se passe-t-il exactement avec Alex ?

Alex vit de l’anxiété. Il est incapable de nommer cette émotion et ne sait pas d’où elle provient, mais il la vit… intensément. Tous les enfants et les adolescents peuvent vivre de l’anxiété à un moment ou à un autre de leur vie : lorsqu’ils arrivent dans un nouveau milieu, à l’approche de la rentrée scolaire, lors d’un examen ou la veille d’un premier rendez-vous. Pour plusieurs jeunes, il s’agit là de craintes passagères. Mais pour Alex, elles se transforment en véritables tsunamis !

Quand l’anxiété gagne du terrain
Pour environ 10 % des enfants et des adolescents, l’anxiété peut devenir une réelle souffrance et affecter toutes les sphères de leur vie (familiale, sociale, scolaire) si elle n’est pas prise en compte. À ce stade, il sera nécessaire de chercher à comprendre ses causes afin de trouver les moyens appropriés de mieux la gérer. Sachez d’emblée que plus la difficulté est présente depuis longtemps, plus l’adaptation sera difficile.

L’adolescent, qui traverse une période de grands changements sur le plan physique et psychologique, peut vivre l’anxiété de plusieurs manières. Par exemple, il fuit ce qu’il ressent en adoptant des comportements qui dérangent les parents ; il procrastine pour éviter d’étudier un examen à venir car il a peu confiance en ses capacités, ou à l’inverse, il s’enferme dans sa chambre pour étudier en oubliant tout le reste ; il passe toutes ses journées les yeux rivés sur les écrans, évitant ainsi tout contact avec l’extérieur, ou encore il devient hyperactif, ne tenant plus en place. L’adolescente, elle, peut restreindre son alimentation par peur de vieillir et d’avoir un corps de femme. Bref, l’anxiété a plusieurs visages. C’est en cherchant son origine que les parents et les adolescents eux-mêmes pourront trouver des moyens de la surmonter et de la gérer sainement.

Chercher la source
Voici quelques questions qui pourront vous éclairer quant aux sources de l’anxiété vécue par votre adolescent. Y a-t-il eu des changements importants dans la famille tels qu’une séparation, un décès, l’arrivée ou le départ d’un enfant, une hospitalisation, un déménagement ou des problèmes financiers ? L’ado a-t-il été infantilisé, surprotégé ou à l’inverse a eu l’impression de prendre la place d’un parent ? A-t-il changé d’école, subi de la pression scolaire, essuyé un échec ou vécu un événement traumatisant ? Au sein de son groupe d’amis, y a-t-il eu des conflits, de l’intimidation, de la pression ?

Après s’être interrogé sur l’origine de cette anxiété, il faudra alors trouver des moyens concrets pour aider. D’abord, tentez de vous mettre à la place du jeune pour mieux comprendre ce qu’il ressent et ouvrez une conversation empathique avec lui. Ainsi, vous lui ferez sentir que vous êtes là. Écoutez ce qu’il a à vous dire et tentez de percevoir si d’autres émotions sont dissimulées. Il est aussi bien important pour le jeune d’établir une routine équilibrée, ponctuée de moments de repos et d’activités physiques. Profitez-en pour vous amuser avec lui ! Le plaisir et le rire sécrètent des hormones qui apaisent l’anxiété. La lecture de bandes dessinées, de romans et de guides d’intervention permet aussi de joindre l’utile à l’agréable. Et n’oubliez pas d’être cohérent dans ce que vous faites et ce que vous demandez à votre ado, car vous êtes son premier modèle !  

Pour aller plus loin :
Alex : surmonter l’anxiété à l’adolescence, Nathalie Parent, Éditions Midi trente

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