Par Marie-Eve Brunet, conseillère d’arrondissement District Champlain–L’Île-des-Sœurs, arr. Verdun présidente, Concertation Montréal et Santiago Risso, président, Forum jeunesse de l’île de Montréal

 

Les citoyens et citoyennes de 35 ans et moins représentent près de 25 % de la population totale de la Ville de Montréal, mais sont pourtant peu représenté-e-s dans ses instances démocratiques. En effet, le conseil municipal n’a aucun élu de cette tranche d’âge, et les conseils d’arrondissement ne comptent qu’une personne de moins de 30 ans et 14 personnes de moins de 40 ans.

Ces statistiques ne signifient pas que les jeunes Montréalaises et Montréalais sont désengagé-e-s ou qu’ils ne s’impliquent pas dans leurs communautés. Au contraire, cette génération est fortement mobilisée pour l’amélioration de la société, mais d’une façon bien à elle : économie sociale, démarrage d’espaces de réflexion, participation à des débats et forte présence communautaire.

En ce sens, puisque la politique municipale est une politique de proximité où les décisions affectent
directement et rapidement les citoyens et citoyennes, elle devrait intéresser davantage la jeunesse. Mais celle-ci peine encore à y prendre sa place. Des recherches, menées notamment par le Forum jeunesse de l’île de Montréal, démontrent pourtant que cette génération cherche à s’impliquer dans les milieux où il est possible de voir rapidement l’impact des actions menées. Elle souhaite que le temps investi se traduise en résultats, ce qui est souvent le cas en politique municipale !

Lorsque vient le temps de choisir une implication sociale, trois facteurs orientent le choix des 35 ans et moins. Le premier facteur est lié aux ressources, c’est-à-dire le temps, l’argent et les compétences. Il s’agit d’un élément clé pouvant expliquer la réticence qu’ont les jeunes face à l’engagement politique. Arrivés plus récemment sur le marché du travail, les jeunes supposent que leur réseau et leur expérience sont trop limités pour qu’ils puissent réussir une campagne
électorale, qui nécessite souvent argent et influence. Le deuxième facteur est l’intérêt, soit la volonté de servir le domaine public et de travailler sur les dossiers abordés par le parti politique. Finalement, le recrutement, troisième facteur, fait référence aux réseaux qui sont utilisés par les partis politiques pour aller chercher les candidats. Plus les réseaux de recrutement sont diversifiés, plus les chances sont grandes d’avoir des candidats de milieux, d’âges et de sexes différents aux élections.

Étant nous-mêmes des jeunes impliqués en politique active et dans des réseaux de participation citoyenne, il nous semble particulièrement important de nous exprimer souvent sur l’importance d’avoir plus de jeunes en politique. Une plus grande diversité à l’Hôtel de Ville et dans les conseils d’arrondissement assurerait une meilleure représentativité de la population, une plus grande variété de projets mis de l’avant par les élus et un contact renouvelé avec les citoyens et citoyennes. Certes, les instances démocratiques fonctionnent encore selon certaines pratiques qui peuvent sembler incongrues pour la nouvelle génération. Mais c’est précisément pour cette raison que les jeunes doivent y être représentés : afin de changer les choses. La politique active demeure, selon nous, un des meilleurs endroits pour améliorer le quotidien de nos concitoyens et concitoyennes, et il est primordial que plus de jeunes s’y retrouvent. Alors, vous vous lancez ?