Par Judith Marie, de l’Association des parents et amis d’une personne souffrant de maladie
mentale (AQPAMM)

 

Après des années de questionnements face aux difficultés de leur fille – dépression, tentative de suicide, consommation et conflits récurrents – Marina et Paul* ont franchi la porte de l’AQPAMM.

Marina a senti qu’une distance s’installait. « Elle a cherché à travailler sur son problème, mais nous, je m’en rends compte maintenant, nous n’avancions pas ! » À chaque fois, les relations restaient difficiles, « prêtes à exploser ». Avec l’envie de la soutenir, mais sans savoir comment faire ni par où commencer, Marina et Paul sont allés au CLSC qui les a orientés vers l’AQPAMM. Ils ont bénéficié d’un suivi de couple avec une intervenante et participé à un groupe de soutien.

Changement de regard
Ils ont fait tout un cheminement en quelques mois. « Notre fille est une femme. Nous avons toujours trouvé des solutions pour elle, ça n’aidait pas » explique Paul. « Nous avons négligé cet aspect : lui permettre de se développer en tant qu’adulte. » « C’est le moment qu’elle prenne ses décisions seule et qu’elle assume leurs conséquences », ajoute Marina. « Nous allons toujours l’aider bien sûr, comme on peut, mais elle a tous les atouts en mains, et beaucoup de qualités pour se débrouiller dans la vie. Je la valorisais moins avant » souligne-t-elle.

Des connaissances, une « discipline »
L’accompagnement de l’AQPAMM leur a permis de mieux comprendre leur fille. « Paul a lu les livres qu’on nous a conseillés. On a retrouvé tellement de choses de son fonctionnement ! On n’avait pas les balises, on ne la connaissait pas ! Comment pouvait-on l’aider ? » s’exclame Marina. Très vite, tous deux ont pu constater les changements. « La relation est totalement différente maintenant. Nous avons regagné confiance en tant que parents pour donner des conseils utiles. Je n’ai plus peur de dire non ou de parler des vraies affaires. Nous avons acquis une certaine assurance quand on lui parle. Je détecte les manipulations ». « Et nous suivons une discipline » complète Paul. « Quand on décide quelque chose, on lui dit et on ne lâche pas ! On lui a dit “on va t’aider, on a un certain budget, on va te donner tant, puis après ce sera fini.” Elle a compris le message ».

Mieux équipés pour de nouveaux obstacles
« Action : c’est un mot que j’ai toujours en tête aujourd’hui » insiste Marina. « Avec l’AQPAMM, on a eu des devoirs à la maison, des choses à lire, d’autres à écrire. On pratique ! J’apprends à l’écouter par exemple. Et on voit les fruits. En étant vraie, en suivant ce que mon nouveau cœur me dit, je ne fais pas de gaffe. Ça sort en positif, elle le ressent et revient vers nous avec du positif. La peur et le stress sont encore là, mais ils ont disparu à 80 %. » « On se sent plus équipés pour faire face à de nouveaux obstacles s’ils se présentent, dit Paul, et on sait le chemin que nous avons décidé ». Un chemin résumé en quelques mots par sa compagne : « Comprendre pour accepter et travailler ce qu’il faut travailler ».  


*Les prénoms ont été changés pour respecter l’anonymat de leur fille.

 

Pour plus d’information pour les proches d’une personne atteinte de TPL :

www.aqpamm.ca