Par Denise Normand Guérette, orthopédagogue, auteure et conférencière • professeure associée au département d‘éducation et formation spécialisées à L’UQÀM
Lorsqu’un enfant entre à la maternelle, ses parents sont animés par l’espoir qu’il réussisse ses études et qu’il devienne un adulte capable de vivre sa vie en ressentant un bien-être intérieur et en accomplissant un travail qui lui permet à la fois de s’épanouir et d’apporter sa contribution à la société.
Lorsque l’enseignante propose différentes activités de bricolage, coloriage, découpage ou écriture, les enfants réagissent de différentes façons. Il y a ceux qui s’engagent volontiers dans ce qui est proposé et qui réalisent l’activité avec plaisir, alors que d’autres hésitent ou refusent de faire l’activité. Par ailleurs, d’autres sont déçus de ce qu’ils ont fait et vont même jusqu’à détruire leur production. Pour soutenir les enfants dans leurs apprentissages, il est nécessaire de comprendre l’importance de la dimension émotionnelle, car c’est elle qui est le moteur de leur action.
La curiosité pousse l’enfant à explorer son environnement et sa volonté de puissance l’incite à agir par lui-même pour devenir de plus en plus autonome. Mais d’autres éléments peuvent influencer son action. Entre autres, il est possible qu’il compare ce qu’il fait au modèle que l’adulte lui propose, ce qui l’amène à se sentir insatisfait de sa production. Par exemple, quand il apprend à écrire, il s’imagine qu’il réussira du premier coup et il ne comprend pas pourquoi ses premières lettres ne sont pas aussi belles que celles de l’adulte1. L’enfant peut vivre de la déception ou de la colère et sa volonté de puissance est frustrée. Par ailleurs, un autre enfant peut être influencé par l’insécurité qu’il vit quand il est face à une tâche nouvelle qui lui est inconnue et il ne voudra pas essayer de la réaliser.
Dans ces deux exemples, les enfants ont besoin de comprendre ce qu’ils vivent et ce qui suscite l’interférence émotionnelle qui a pour effet de les rendre moins disponibles à saisir les explications que l’adulte leur donne afin d’améliorer leur écriture. Ici, l’interférence est associée à deux éléments de base de leur identité humaine : l’insécurité et la volonté de puissance. Les adultes peuvent aider les jeunes enfants à comprendre ces deux éléments et à mettre des mots sur ce qu’ils ressentent. Un livre intitulé À la découverte d’INSÉCURITÉ et de VOLONTÉ DE PUISSANCE constitue un outil de prévention qui s’adresse aux enfants de 3 ans et plus, aux parents, grands-parents, éducatrices et éducateurs ainsi qu’aux enseignantes et enseignants.
Source :
Groupe d’entraide pour une action préventive (2017) À la découverte d’INSÉCURITÉ et de VOLONTÉ DE PUISSANCE, Éditions de la SROH. (ISBN : 978-2-89232110-4)
Guitouni, M. et Brissette, Y. (2000) Au cœur de l’identité – L’intelligence émotionnelle, Montréal : Éditions Carte Blanche.
Guitouni, M. et Normand-Guérette, D. (1993) Entretiens avec Moncef Guitouni sur ses études du comportement des jeunes, Québec : Presses de l’Université du Québec, pp.161-164.
1 Un article en ligne propose un exercice à faire à la maison et à l’école par rapport à cette situation : Normand-Guérette, D. (2013) Concertation parents-enseignantes pour soutenir l’enfant dans son développement, Familléduc, octobre, pp.8-9. Repéré à <http://www.famillepointquebec.com/images/file/ebook/2013-octobre.pdf>, consulté le 22 janvier 2018.