Par Lydia Alder
Quelle sont vos priorités à titre de ministre de la Justice ?
La dernière grande réforme en droit de la famille remonte à 1980. Depuis les années 80, les réalités familiales se sont grandement diversifiées et complexifiées et il existe maintenant un décalage marquant entre le droit de la famille et les réalités familiales d’aujourd’hui. C’est exactement pour ces raisons que nous avons décidé d’entamer une réforme du droit de la famille.
Le rapport de la Commission citoyenne du droit de la Famille conclut que l’accès à la justice est déficient. Quelles seraient des pistes de solution pour améliorer l’accès à la justice et revoir le droit de la famille en mettant les intérêts de l’enfant au coeur de cette situation ?
Les travaux de la Commission ont permis de démontrer l’importance d’agir pour adapter le droit de la famille aux réalités des parents, des couples et des enfants québécois d’aujourd’hui. Déjà nous travaillons à réduire les délais. Nous voulons recourir à des solutions de rechange au processus judiciaire conventionnel en mettant de l’avant la médiation. Les objectifs du programme de médiation familiale visent la déjudiciarisation et l’humanisation de la démarche de séparation; les parents peuvent donc bénéficier d’heures de médiation gratuites. Finalement, les centres de justice de proximité contribuent de façon tangible à rendre la justice plus accessible aux citoyens par des services gratuits.
Parmi les 82 recommandations, que pensez-vous de la principale recommandation, soit d’instaurer des obligations financières pour les parents l’un envers l’autre dès la naissance d’un enfant, qu’ils soient mariés ou non ?
Il est primordial de consulter les Québécois et Québécoises sur différents aspects de la réforme. Il y a des aspects qui font consensus. Il y en a d’autres où il faut évaluer les impacts possibles sur la vie des gens. L‘enfant doit être au cœur de ces priorités.
On commence à parler de la détresse des hommes en contexte de séparation Comment une réforme du droit de la famille pourrait réduire cette détresse ?
Nous avons eu l’opportunité de rencontrer des groupes qui ont soulevé les enjeux que les hommes vivent au quotidien. On retrouve maintenant une multitude de modèles familiaux (familles où le couple vit en union de fait, familles monoparentales, familles homoparentales, familles recomposées, etc.). Les réalités conjugales et familiales au Québec ont grandement évolué nous comptons faire les modifications avec tous les Québécois en tête.
Dans combien de temps les Québécois peuvent-ils s’attendre à une réforme du droit familial ?
C’est un grand chantier. Il faut l’entreprendre, mais il faut prendre le temps de bien faire les choses. Nous aimerions entamer le tout dans notre premier mandat.
En conclusion avez-vous un message que vous aimeriez adresser aux organismes communautaires ?
Un changement de cette envergure nécessitera l’aide de tous les acteurs du milieu. Nous travaillerons tous ensemble pour mener à bien ce projet.