Par Kathleen Neault, maman et Directrice générale CQRPE,
La voix des tout-petits pour l'ensemble du Québec

 

 

Lorsque j’ai pensé écrire sur ce sujet, je souhaitais parler des bienfaits du chien d’assistance. Aujourd’hui, un an et demi après l’attribution d’un chien d’assistance à ma fille, le besoin de sensibiliser les autres est primordial puisque la réjouissance liée à l’arrivée du chien a vite laissé place à toute une adaptation à la maison comme en public.

C’est une attente de plus de quatre ans et une évaluation rigoureuse avec différents spécialistes qui déterminent si le soutien de l’animal peut permettre de pallier un handicap, d’améliorer la qualité de vie et de favoriser l’autonomie du bénéficiaire. Pour le chien, c’est un an en famille d’accueil, un entraînement ferme, une classe de sensibilisation au jumelage et plusieurs suivis pour assurer l’adaptation avec son usager.

Le rôle du chien d’assistance n’est pas facile à respecter pour les amoureux d’animaux de compagnie. Pour le parent d’une bénéficiaire, l’adaptation est aussi difficile. On nous dit de ne pas humaniser le chien, que ses émotions ne sont pas celles de l’homme, mais les yeux tendres et charismatiques de cette belle bête en disent autrement. Le chien comme l’enfant a besoin de sa routine et d’un encadrement stable, alors il faut assurer le maintien de sa formation et ne pas succomber au charme, d’où l’importance de respecter ses fonctions au travail. Pour l’usager, c’est un ami toujours présent, un baume pour assurer l’équilibre psychologique, briser l’isolement et augmenter le niveau de sécurité.

Malgré les bienfaits qu’apporte l’animal, sortir en public représente toute une aventure et un stress incroyable. L’anxiété causée par l’intrusion des gens est inévitable. Ce sont parfois des interactions avec des personnes qui veulent partager leur expérience avec un chien Mira qui souvent sont agréables et respectueuses. Toutefois, malgré les indices visuels du port du harnais, d’une affiche « au travail, ne pas parler, ne pas toucher », certains demandent si le chien est au travail et, malgré la confirmation, se penchent pour le flatter et lui parler. D’autres sournoisement le touchent en passant ou se permettent de poser des questions intrusives : « Est-ce que tu vois? C’est pourquoi ton chien? »

Il faut comprendre que ces actions, même si souvent innocentes, représentent une distraction pour l’animal, vont à l’encontre de ses fonctions et provoquent un inconfort et un malaise pour l’usager.

Pour ma fille, qui est surtout soucieuse de ne pas blesser et dont la situation de handicap est non visible, il s’agit d’une expérience désagréable et anxiogène. On lui enseigne à prévoir les réactions des gens et à détourner l’attention du chien pour éviter qu’il se laisse distraire. C’est tout un travail pour une personne qui a déjà de la difficulté à se concentrer. Les sorties et activités de loisir deviennent épuisantes et représentent des rappels constants à l’égard du travail du chien. Les gens se permettent de flatter ou de toucher le chien, de lui parler et même de le siffler sans réaliser le dommage que cela cause dans la relation du bénéficiaire et de son compagnon. Pourquoi? Parce que le chien ne demande pas mieux que d’aller à la rencontre des gens.

Une réflexion s’impose quant au respect de la personne, quel que soit le moyen utilisé pour contrer son handicap. Si l’évaluation est rigoureuse pour l’attribution et l’entraînement du chien, est-il nécessaire de former la population en plus? Malheureusement, les obstacles ne s’arrêtent pas là. La recherche d’un emploi devient une montagne de scénarios possibles. L’usager qui ne veut pas vivre de préjudice se demande s’il doit aller en entrevue avec ou sans son chien. On exige parfois de soumettre des preuves additionnelles quand une attestation de chien d’assistance est déjà disponible. En contexte de pénurie de main-d’œuvre, on n’hésite pas à se présenter accompagné!