Par Basile Moratille, directeur, Contenus et publications
Immigrant Québec

 

Pour des parents immigrants, avoir un enfant au Québec est une sorte de consécration. Après avoir soi-même expérimenté une forme de renaissance loin de chez soi, voilà qu’on donne la vie à un nouveau ressortissant d’un pays qui n’est pas (encore ?) le sien. Imaginez. L’enfant, c’est la pierre angulaire d’un édifice a priori inébranlable, celui d’une famille désormais unie par son attachement à une terre d’accueil.

 

Mais, bien sûr, l’histoire ne s’arrête pas là. L’enfant est un révélateur qui peut avoir des conséquences insoupçonnées sur le couple, sur son acceptation sociale – et jusque sur son projet d’immigration.

 

Au commencement, il y a l’isolement

Rapidement, les nouveaux parents immigrants prennent conscience de leur solitude. Un sentiment qui va les habiter longtemps. Il faut un village pour élever un enfant, dit-on. Or, leur village à eux se résume à une petite hutte de torchis. Pas de grands-parents, ni d’oncles et de tantes. Pas plus de frères, de sœurs, de cousins, d’amis d’enfance ou de connaissances toujours prêts à prendre le relais, à écouter, à transmettre, quand son réseau social rapproché se compose d’une poignée de copains.

Bien souvent, les parents sont seuls, avec l’obligation de composer en permanence. L’épreuve pour le couple est difficile à verbaliser ; elle lui est parfois fatale.

 

L’âge d’or de la parentalité immigrante : la garderie

Mais l’enfant né au Québec est porteur d’une différence que les parents ne saisissent pas tout de suite. Il n’est pas un « immigrant », lui. Et cette réalité déteint positivement sur la perception de ses parents par la société.

En intégrant peu à peu le système québécois, cet « enfant d’ici » élève ses parents dans leur propre processus d’intégration. Il génère des rencontres de proximité, souvent en dehors de la communauté. Il est à l’origine d’amitiés parfois fortes entre parents, qui n’auraient pu exister sans l’enfant et son propre cercle social. La confiance qui peu à peu s’installe dans le groupe rapproche et efface les différences.

 

Le temps du questionnement

Pour autant, un immigrant ne vit pas sa parentalité de la même façon qu’une personne parfaitement intégrée dans son environnement de vie. Et, tôt ou tard, l’impact d’un enfant a des répercussions plus profondes, qui viendront remettre en question jusqu’au projet d’immigration.

Au départ, un projet d’immigration est un projet de vie. Or, ce projet est-il vraiment satisfaisant, dès lors que l’on prive un enfant de ses racines, d’une partie de son identité, de sa famille – et, a contrario, les grands-parents de leur descendance ? Certains opteront pour le retour au pays. Ceux pour qui le retour n’est pas une option envisageront le regroupement familial, une démarche qui prend actuellement 36 mois au Québec (contre 12 dans les autres provinces).

Les parents immigrants passent un jour par ces questionnements, et il n’y a rien d’anormal à cela. Il faut l’accepter et tenter de rester unis dans des décisions souvent difficiles. Chaque parcours d’immigration est vécu de façon personnelle, et l’enfant met aussi à nu les différences d’intention qui peuvent exister dans le couple quant à leur projet d’immigration.

 


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