Par Audrey Rodrigue, maman d’Émily 4 ans
Je venais de sortir de l’école avec un diplôme de coiffeuse et une carrière qui me paraissait prometteuse. Puis en 2008, ma fille, Emily, est née. J’ai bien profité de mon congé de maternité pour passer mes journées avec ma fille. Puis au moment de reprendre le travail, je n’arrivais pas à m’imaginer que je ne passerais plus mes journées aux côtés d’Emily. L’idée m’angoissait, même si je savais que ma fille serait entre très bonnes mains : ma mère, sa grand-mère, a une garderie en milieu familial depuis plus de 15 ans! C’était déjà un privilège, autant pour Emily que pour ma mère et moi.
J’ai fait part de mes préoccupations à ma mère. J’étais inquiète, surtout avec un travail où les heures sont irrégulières. Ma mère sans hésiter m’a répondu « Viens travailler avec moi! » L’idée ne m’avait pas effleuré l’esprit… mais me plaisait beaucoup. C’est ainsi que j’ai eu la chance de resserrer les liens familiaux et redécouvrir le monde de la petite enfance avec ma mère et ma fille en travaillant à la garderie.
L’intégration s’est faite tout naturellement. Emily avait 6 mois et était la plus jeune du groupe. Elle était devenue le bébé de la garderie, en quelque sorte la petite sœur de 8 enfants fiers et protecteurs. Les plus vieux se sentaient responsables et s’occupaient d’elle comme de vrais champions! Ils lui apportaient des jouets et certains enfants ont même découvert un talent pour l’animation. Les plus jeunes ont développé une amitié. Tous ont appris la tolérance et par le fait même la patience, car un bébé, ça pleure et ça ne peut pas bouger aussi vite! Sans s’en rendre compte, les enfants apprenaient des leçons de vie dans un environnement sécuritaire, agréable et rempli d’amour. L’acquisition de valeurs comme la tolérance, le respect et l’entraide, qui ne sont pas toujours faciles à transmettre, se faisait incognito et devenait une seconde nature pour tous… et pas juste à la garderie, mais aussi dans la société.
J’ai eu la chance d’apprendre sur les enfants avec une professeure fort expérimentée : ma mère. En plus d’avoir réussi à éduquer 4 enfants par elle-même, elle a suivi plusieurs formations, lu plusieurs ouvrages et discuté avec plusieurs spécialistes de la petite enfance, au point où elle est devenue une référence pour les éducatrices de notre quartier. En travaillant à la garderie avec ma mère et ma fille, j’ai appris à être une meilleure mère tout en découvrant un métier engageant et stimulant : celui d’éducatrice, un métier que ma mère exerce depuis plus de 15 ans et qui la passionne toujours autant. C’est cette passion qui a rendu mon apprentissage aussi agréable. Apprendre à apprécier l’émerveillement d’un enfant et retrouver soi-même cet émerveillement, tout comme savoir reconnaître le bon côté de chaque personnalité, voilà ce qui m’apprend à être un bon professeur comme ma mère l’a si bien été pour moi.
Il y a maintenant déjà presque 5 ans que je suis éducatrice. Presque 5 ans que je côtoie ma maman et ma fille tous les jours au travail. Je poursuis mes études à temps partiel pour obtenir un diplôme afin d’être reconnue officiellement en tant qu’éducatrice à la petite enfance. J’apprends à tous les jours auprès de ma mère et des enfants qui ont un monde à nous faire découvrir. Les petits ont souvent besoin des grands, mais les grands ont aussi besoin des petits… il ne faut pas l’oublier!