Par les auteurs du journal des femmes qui se rassemblent

 

 

Il y a un an, la Maison De Connivence, ressource d’aide et d’hébergement pour femmes et enfants victimes de violence conjugale, a créé son propre journal rédigé par des femmes qui se rassemblent. L’objectif de ce projet est de donner une voix à celles qui ont fait appel à nos services. C’est avec l’écriture qu’elles se réunissent, se découvrent et s’accomplissent. Dans cet article, nous partageons avec vous un extrait du journal.

Comme les petits changements font de grandes différences, les femmes de la Maison De Connivence ont décidé de s’unir pour s’exprimer sur les jugements qu’elles ne voudraient plus entendre, comme : « C’est ton choix de rester », « Pourquoi acceptes-tu qu’il te traite comme ça », « Tu l’as cherché », « Tu reviens toujours », « Il y a pire »... Ces commentaires peuvent briser – sans le vouloir – un lien précieux. Ils peuvent faire encore plus mal quand ils sont dits par la famille, un ami, un collègue de travail, car cela renforce chez les victimes de violence conjugale un isolement social et un sentiment de culpabilité. Les femmes ajoutent qu’elles arrivent même à penser que demander de l’aide ne changerait rien.

Madame J s’est déjà fait dire : « Tu mérites un meilleur gars... » « Comme si je ne le savais pas! » relate-t-elle. Elle ajoute : « Les gens ne comprennent pas qu’on se sent pris dans une roue et qu’on a du mal à en sortir… »

Tandis que Madame G a trop souvent entendu : « T’es capable, t’es forte... » « Comme si on n’avait pas le droit d’être fragile et vulnérable. Ce n’est pas si simple de se défaire de l’emprise d’un homme contrôlant et qui brise votre confiance. »

Madame J a aussi subi des commentaires tels que : « Je suis fatiguée de t’entendre dire que tu es malheureuse avec lui, mais tu ne fais rien pour t’en sortir », ou bien : « Mais pourquoi tu ne portes pas plainte? » Madame J rappelle ceci : « Ça a l’air facile, mais parfois les peurs sont supérieures aux bienfaits potentiels. » Elle poursuit en disant que « le changement est synonyme d’inconnu, de perte d’habitudes et de crainte des réactions, car malheureusement la violence ne s’arrête pas nécessairement après avoir quitté le conjoint violent ».

Madame N se rappelle que lorsque sa mère a su par un tiers que son conjoint avait été expulsé par la police, elle lui a dit : « Tu ne me fais pas confiance... » « Je ne lui en avais pas parlé pour ne pas l’inquiéter, et bien sûr parce que j’avais honte. J’ai un lien très fort avec ma mère et j’aurais aimé qu’elle m’offre son soutien plutôt que de retourner la situation vers elle. Je n’avais pas besoin d’entendre ça, car c’est faux. Ses paroles m’ont énormément blessée. »

Ces femmes ne voudraient plus entendre : « Il ne l’a pas frappée, ce n’est pas de la VRAIE violence. » Comme le dit Madame C : « Les paroles, les menaces et la manipulation laissent aussi des traces, des blessures et des séquelles psychologiques. C’est un long cheminement de comprendre qu’on est dans une relation toxique et qu’on est une victime. »

Aujourd’hui, après avoir eu accès à nos services, elles veulent rappeler aux autres femmes qu’elles ne sont pas seules à vivre ces situations. Elles croient aussi important de répéter qu’elles ont besoin de la compréhension des autres pour avancer et de rappeler à toutes et à tous que c’est en étant de connivence qu’elles ressentent la vraie puissance.

Ainsi, chaque mois, plusieurs femmes se confient et écrivent sur des sujets qui leur ressemblent et qui les rassemblent. Elles espèrent que leurs textes feront écho et aideront à briser le silence.

Pour en lire davantage, les six éditions du journal Des femmes qui se rassemblent sont disponibles en ligne à l’adresse : www.deconnivence.ca.

 


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